Beaucoup
d'amateurs, pour jouer des pigeonneaux le plus âgés
possible, élèvent dès la fin décembre, baguent le 1er ou le
2 janvier. A cet âge plus mûr, avec une croissance plus
avancée, les précoces présentent l'avantage de muer comme
des tardifs, c'est‑à‑dire qu'ils ne jettent leur première
plume qu'au début mai, à peu près en même temps que les
pigeonneaux nés 3 mois plus tard.
Mais pour obtenir des jeunes de bonne venue en plein hiver,
il faut assurer quelques bases indispensables : d'abord en
hiver, les glandes génitales, en particulier celles des
mâles, sont en sommeil. Leur poids est le dixième de ce
qu'il sera au printemps, sous l'effet du soleil et de la
température. On préparera donc très utilement les
reproducteurs en les mettant dans un colombier tempéré, bien
éclairé et dans lequel on allumera l'électricité le matin de
très bonne heure (par exemple 4 h 30 5 h). Jamais le soir
car. alors quand on éteint, les pigeons restent à terre et
ne regagnent pas leur case. Ensuite, on préparera les
reproducteurs sur le plan alimentaire : protéines
(légumineuses) en abondance, petites graines grasses (colza,
chanvre), vitamines, minéraux, toniques pendant 10 jours
environ avant l'accouplement. C'est la méthode du « FLUSHING
». L'accouplement ne présente alors aucune difficulté parce
que les partenaires sont prêts physiologiquement et
sexuellement. Remarquons que si cette préparation n'est pas
judicieusement faite et surtout si le temps est froid, il y
aura beaucoup d'œufs clairs. La préparation des mâles semble
encore plus nécessaire que celle des femelles.
La
ponte doit se faire dans les délais normaux c'est‑à‑dire au
bout de 10 jours environ. Au moins autant que le délai, le «
groupage » des pontes ‑ toutes les femelles pondent sur 3‑4
jours ‑ est un bon indice.
II
est nécessaire de mettre à la disposition des couveurs, dés
la ponte, une bonne quantité de fétus de paille qui
permettront de garnir abondamment les nids et garderont plus
facilement la température d'incubation. Bien sûr, pendant le
couvage, l'éclairage matinal sera inutile mais il faudra le
rétablir dès la naissance des pigeonneaux.
Pendant ce couvage, si on le juge nécessaire, on fera les
traitements habituels de déparasitage (trichomonose
‑coccidiose) par l'eau de boisson.
Après, il y a le problème des pipants nouveau‑nés. On sait
qu'ils ont l'aptitude de ne pas réguler leur température
donc de pouvoir impunément refroidir quand leurs parents les
quittent. Ils n'ont donc que peu de problèmes à redouter sur
ce plan dans les 8 premiers jours.
Les parents, dès la naissance, doivent recevoir à nouveau
une alimentation très riche en graines grasses qui apportent
des calories en abondance pour lutter contre le froid. C'est
au moment où le pigeonneau commence à être à grain, quand il
commence à devoir assurer sa température (41° C1 constante,
qu'il n'a pas encore de plumes protectrices, qu'il va
connaître les jours les plus périlleux. Le gavage précoce le
matin, renouvelé à midi par exemple, est nécessaire. Le
pigeonneau a besoin de beaucoup de calories et s'il n'est
gavé qu'au lever du jour (nous sommes dans les jours les
plus courts de l'année), il n'aura pas fini de digérer vers
16 h à la tombée du jour et n'aura eu qu'un repas au lieu de
2.
Donc éclairage très matinal absolument nécessaire avec
graines à volonté et eau douce.
Lorsque le plumage est à peu prés poussé, le pigeonneau ne
risque plus grand‑chose du froid. L'alimentation riche reste
une nécessité jusqu'à l'âge d'un mois. Après, on pourra un
peu alléger la ration, sans jamais oublier que nous avons
affaire à des jeunes oiseaux en pleine formation. Cette
alimentation sera complétée par l'apport minéral: phosphore,
calcium, oligoéléments, en permanence à la disposition des
éleveurs et l'administration d'un complexe vitaminique tous
les 2 jours, dans l'eau de boisson par exemple. Et cela
pendant au moins 3 mois.
Ajoutons que, plus encore qu'au printemps, il est nécessaire
de donner à manger à la case dés l'âge de 12‑15 jours de
manière qu'au sevrage les pigeonneaux n'aient pas de «
passage à vide », (1 ou 2 jours sans manger),
catastrophique par temps froid (nous serons alors dans la
2ème quinzaine de janvier).
On
a évoqué souvent la technique apparemment la plus logique :
chauffer le colombier. Si assurer par exemple une eau de
boisson toujours disponible grâce à un petit chauffage
électrique est une nécessité, le chauffage du colombier
lui‑même ne devient obligatoire que si l'hiver devient
polaire. De toute façon, il ne faut assurer que quelques
degrés au‑dessus de zéro et non une chaleur « d'appartement
». Un chauffage trop fort donne des pigeonneaux fragiles
incapables de subir au dehors les rigueurs de la fin d'hiver
quand ils sortiront au toit.
Dr
Jean‑Pierre STOSSKOPF
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